Un pas dehors, un pas vers le bien-être

By Julie Auclair

A Step Outside, A Step Toward Wellness

Il me semble que ça ne fait pas si longtemps que mes parents nous « obligeaient » à aller dehors. Et ceci semblait être tendance, du moins dans mon coin de pays, car rapidement on se retrouvait plus d’une dizaine d’enfants à courir partout, jouer ou partir en exploration. Ce qui semblait coutume à l’époque semble l’être moins aujourd’hui, alors que nous passons la majorité de notre temps, adultes et enfants, à l’intérieur1,2. Cependant, l’été est arrivé, c’est donc le moment idéal pour aller dehors, renouer avec la nature et profiter de ses nombreux bénéfices.

Santé globale — du bien-être physique au bien-être mental.

Aller dehors, mais pourquoi ? Il est reconnu que le contact avec la nature offre de multiples bienfaits, tant sur le plan physique que psychologique. Par exemple, les espaces verts (p. ex. : les parcs, les forêts) favorisent l’activité physique qui, elle, favorise la motricité globale, le renforcement musculaire, la santé cardiovasculaire et contribue également à maintenir un poids santé3,4.

Le contact avec la nature a également un effet apaisant, réduisant ainsi le stress et l’anxiété. La théorie de la réduction du stress suggère que, puisque nous avons évolué au sein de la nature, notre cerveau est programmé pour se sentir en sécurité et détendu lorsque nous sommes entourés de végétation. Ceci est supporté par plusieurs études qui ont montré que l’exposition aux environnements naturels diminue les niveaux de cortisol, l’hormone du stress3,4.

Un bain de soleil pour faire le plein de vitamine D

Lorsqu’il est question d’aller dehors, impossible d’ignorer le soleil, principale source naturelle de vitamine D ; cette fameuse molécule dont une grande partie de la population vivant dans l’hémisphère Nord a des niveaux cruellement bas. Lorsqu’exposée aux rayons UVB — la modération est de mise bien sûr — notre peau produit de la vitamine D. Cette vitamine est essentielle au développement et au maintien des os, du cartilage et des dents. Elle joue aussi un rôle crucial dans l’activation du système immunitaire, en régulant plusieurs gènes impliqués dans la réponse immunitaire, contribuant à la défense de l’organisme face aux infections5.

Et il y a encore plus, aller dehors pourrait même supporter notre microbiote

Notre microbiote, ces trillions de microorganismes qui cohabitent avec nous, dans notre intestin et sur notre peau, par exemple, joue un rôle clé dans notre santé. Bien que la recherche dans ce domaine soit en constante évolution, on s’entend généralement pour dire qu’un microbiote sain est un microbiote diversifié. Alors, comment notre environnement extérieur peut-il supporter notre microbiote ?

Un aspect moins connu de la vitamine D est son impact sur notre santé intestinale. De plus en plus d’évidences suggèrent qu’elle contribue à l’équilibre de l’environnement intestinal. Elle renforce l’intégrité de la barrière intestinale en stimulant, via le récepteur de la vitamine D, l’expression des jonctions serrées6.  Ces protéines agissent comme des « scellants » entre les cellules de l’intestin, empêchant le passage incontrôlé de bactéries ou de toxines, par exemple.

De plus, diverses études ont montré qu’une supplémentation en vitamine D peut moduler le microbiote intestinal7,8. Une étude pilote a même révélé qu’une exposition répétée à des rayons UVB augmentait la diversité microbienne intestinale chez des femmes en santé présentant une carence en vitamine D9.

Ces évidences suggèrent que de maintenir un niveau adéquat de vitamine D serait bénéfique pour maintenir un microbiote intestinal équilibré ou diversifié, possiblement via une modulation de la réponse immunitaire et le maintien de l’intégrité de la barrière intestinale.

Les milieux naturels — forêts, sols, végétation, plans d’eau — de véritables réservoirs microbiens susceptibles de diversifier notre flore microbienne.

L’hypothèse de la biodiversité propose que la réduction de la diversité microbienne dans nos environnements de vie modernes, particulièrement en milieu urbain et industrialisé, puisse contribuer à l’augmentation des maladies chroniques, allergiques et auto-immunes. À l’inverse, le contact avec la nature favoriserait un microbiote diversifié, affectant positivement la santé humaine 10.

Une étude d’intervention menée en garderie a exploré cet effet de la biodiversité sur le microbiome et l’immunité des enfants. Trois types d’environnements ont été comparés : des garderies axées sur la nature, des garderies urbaines classiques, et des garderies urbaines dont les cours ont été enrichies en éléments naturels riches en micro-organismes (comme du sol forestier et de la tourbe), appelées garderies d’intervention. Après 28 jours, les enfants de la garderie d’intervention présentaient un microbiome cutané plus diversifié que les enfants des garderies urbaines, se rapprochant plutôt de celui des enfants en garderies orientées sur la nature. Une modulation du microbiote intestinal a été observée, ainsi qu’une modulation du système immunitaire vers une réponse plutôt anti-inflammatoire11.

Dans une étude similaire, une exposition accrue à la nature pendant 10 semaines a mené, chez des enfants d’âge préscolaire, à une réduction du stress, en particulier une réduction de la fréquence de la colère, un maintien des taux de sérotonine fécale et une modulation du microbiote intestinal12.

Dans une vaste étude analysant des échantillons provenant de 9581 participants de 34 pays, un environnement résidentiel riche en verdure était associé à une plus grande richesse microbienne au niveau de la peau et de l’intestin, ainsi qu’à une augmentation de l’abondance des Lactobacillus et Bifidobacterium13.

Bien qu’encore limitée, la recherche actuelle suggère que de s’exposer à la nature peut positivement moduler la diversité de notre microbiote intestinal et de la peau.

Bref, que ce soit juste pour le plaisir, pour se sentir mieux dans son corps ou son esprit, ou même pour donner un coup de pouce à notre microbiote, c’est le bon moment pour sortir. Alors, profitez du plein air cet été… et pourquoi pas toute l’année ! »

 

Références :

1.      Environment and Climate Change Canada. 2022. Indoor air quality

2.      Cision. 2017. Survey Reveals Today’s Kids Spend Much Less Time Outdoors Than Their Parents Did - and Societal Pressure Regarding Children’s Activities Isn’t Helping. Nature Valley Survey.

3.      Jimenez, M.P. et al. 2021. Associations between nature exposure and health: A review of the evidence. Int J Environ Res Public Health. 18(9):4790.

4.      Twohig-Bennett, C. & Jones, A. 2018. The health benefits of the great outdoors: A systematic review and meta-analysis of greenspace exposure and health outcomes. Environ Res. 166:628-637.

5.      Brown, G. et al. 2024. Vitamin D and immune system. Adv Food Nutr Res. 109:1-41.

6.      Wang, J. et al. 2024. Contemporary Perspectives on the Role of Vitamin D in Enhancing Gut Health and Its Implications for Preventing and Managing Intestinal Diseases. Nutrients. 2024. 16(14):2352.

7.      Bellerba, F. 2021. The Association between Vitamin D and Gut Microbiota: A Systematic Review of Human Studies. Nutrients. 13(10):3378.

8.      Singh, P. 2020.  The potential role of vitamin D supplementation as a gut microbiota modifier in healthy individuals. Sci Rep 10: 21641.

9.      Bosman, E.S. 2019. Skin Exposure to Narrow Band Ultraviolet (UVB) Light Modulates the Human Intestinal Microbiome. Front Microbiol. 10:2410

10.  Haahtela T. A. 2019. biodiversity hypothesis. Allergy. 74(8):1445-1456.

11.  Roslund, M.I., et al. 2020. Biodiversity intervention enhances immune regulation and health-associated commensal microbiota among daycare children. Sci Adv. 6(42):eaba2578.

12.  Sobko, T., et al. 2020. Impact of outdoor nature-related activities on gut microbiota, fecal serotonin, and perceived stress in preschool children: the Play&Grow randomized controlled trial. Sci Rep 10, 21993.

13.  Zhang, Y.D., et al. 2023. Association between Residential Greenness and Human Microbiota: Evidence from Multiple Countries. Environ Health Perspect. 131(8):87010. 

Julie Auclair

Julie Auclair

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